Ce lien entre nous...

Il y a quelques semaines on m'a posé une question, une question simple mais qui m'a interpellée : "tu dors toujours avec ta fille?"

Étant donné que je n'ai jamais dormi avec elle et que nous n'avons dormi dans la même chambre qu'une semaine, j'ai été très étonnée par cette question. Est-ce parce que je suis la personne qui s'occupe le plus d'elle au quotidien? Ou est-ce parce que, quand ma fille est un peu fatiguée, elle ne veut  rester qu'avec moi? Ou est-ce que parce que la personne en question voulait pointer du doigt le fait qu'elle ne soit gardée, ni en crèche ni en nounou? Je pense que c'est un peu des 3...

Cette question avait un reproche implicite, comme si s'occuper de son bébé (de même pas 1 an) seule n'était pas "moderne". Bien entendu, je ne porte aucun jugement sur les mères d'enfants gardés, et d'ailleurs j'espère que j'aurai la chance de bénéficier d'une place en crèche à partir de septembre, mais je trouve ça assez incroyable de pouvoir me reprocher ce lien, qui pour cette personne, semble trop important, gênant.

Parce qu'au départ, je dois vous avouer que ça a été un  peu "compliqué", je n'ai pas eu le fameux "coup de foudre" pour le bébé, cet amour inconditionnel et immédiat (peut-être à cause de la césarienne?), notre lien a été long à construire.

A la maternité je la regardais, j'étais étonnée non pas par l'amour mais par cet instinct de protection, immédiat, violent, soudain. Le lien a commencé à se créer, nous sommes rentrées à la maison, nous sommes restées toutes les 2 car mon mari travaillait, je commençais à m'en sortir et là...mon mari et moi-même avons attrapé la grippe, la vrai, celle qui vous terrasse.

Le médecin est venu en urgence, et malgré notre utilisation systématique de masques, il nous a conseillé, de laisser notre fille de 10 jours à sa grand-mère, il m'a prescrit des médicaments très forts et ce fut la fin de mon allaitement et la coupure nette de ce lien fragile.

Ça a été très difficile de laisser mon bébé qui 2 semaines auparavant était encore au creux de mon ventre. Ces quelques jours ont été longs, très longs.

Puis après une semaine je l'ai retrouvé, j'avais l'impression de ne plus savoir m'en occuper, que sa grand-mère savait mieux, j'avais même l'impression physiquement de ne plus la reconnaître. Cette période fût vraiment difficile, ma fille ne faisait, et c'est bien normal, pas encore ses nuits, et moi je sortais d'une césarienne couplée d'une grippe, le papa travaillant j'étais la seule à me lever les nuits.

Heureusement, j'avais lu divers témoignages sur des mamans qui n'avaient pas eu ce coup de foudre, je ne me suis pas sentie seule ou anormale. Je dis bien "heureusement" car cela aurait pu être la source d'un gros babyblues. Mais, honnêtement, je me suis entendue mentir, quand une copine m'a dit "tu as vu comme c'est immédiat l'amour pour son bébé?" je n'ai pas osé lui dire, que non, pour moi, ce n'étais pas immédiat et que j'étais encore au stade du "tissage" du lien.

Puis le temps a fait son œuvre, ma fille m'a eu, toute entière, elle a attrapé mon cœur et ne me l'a jamais rendu.

Je ne sais pas quand je suis tombée en amour (littéralement) pour elle, je crois qu'en fait tout est venu d'elle, quand j'ai su qu'elle me reconnaissait comme sa mère, que je n'étais pas n'importe qui pour elle, comme si j'avais besoin de sa reconnaissance à elle, avant tout.

Et maintenant qu'elle a 11 mois je voudrais la materner encore et encore, comme pour rattraper le temps perdu.

J'espère que les jeunes mamans dans ce cas passeront par ce blog pour qu'elles se rendent compte qu'elles sont "normales " et surtout que ce bébé elles vont l'aimer, plus que tout, je vous l'assure, il faut juste donner du temps au temps.